comment etudier une argumentation
pour etudier ce thème, on va etudier une passage du roman "aux champs"
Etudier une argumentation
Un matin, en arrivant, son mari descendit avec elle ; et, sans s'arrêter aux mioches, qui la connaissaient bien maintenant, elle pénétra dans la demeure des paysans.
Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe ; ils se redressèrent tout surpris, donnèrent des chaises et attendirent. Alors la jeune femme, d'une voix entrecoupée, tremblante commença :
- Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien... je voudrais bien emmener avec moi votre... votre petit garçon...
Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.
Elle reprit haleine et continua.
- Nous n'avons pas d'enfants ; nous sommes seuls, mon mari et moi... Nous le garderions... voulez-vous ?
La paysanne commençait à comprendre. Elle demanda :
- Vous voulez nous prend'e Charlot ? Ah ben non, pour sûr. Alors M. d'Hubières intervint :
- Ma femme s'est mal expliquée. Nous voulons l'adopter, mais il reviendra vous voir. S'il tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera notre héritier. Si nous avions, par hasard, des enfants, il partagerait également avec eux. Mais s'il ne répondait pas à nos soins, nous lui donnerions, à sa majorité, une somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement déposée en son nom chez un notaire. Et, comme on a aussi pensé à vous, on vous servira jusqu'à votre mort, une rente de cent francs par mois. Avez-vous bien compris ?
La fermière s'était levée, toute furieuse.
- Vous voulez que j'vous vendions Charlot ? Ah ! mais non ; c'est pas des choses qu'on d'mande à une mère çà ! Ah ! mais non ! Ce serait abomination.
L'homme ne disait rien, grave et réfléchi ; mais il approuvait sa femme d'un mouvement continu de la tête.
Mme d'Hubières, éperdue, se mit à pleurer, et, se tournant vers son mari, avec une voix pleine de sanglots, une voix d'enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits, elle balbutia :
- Ils ne veulent pas, Henri, ils ne veulent pas !
Alors ils firent une dernière tentative.
- Mais, mes amis, songez à l'avenir de votre enfant, à son bonheur, à ...
La paysanne, exaspérée, lui coupa la parole :
- C'est tout vu, c'est tout entendu, c'est tout réfléchi... Allez-vous-en, et pi, que j'vous revoie point par ici. C'est i permis d'vouloir prendre un éfant comme ça !
Alors Mme d'Hubières, en sortant, s'avisa qu'ils étaient deux tout petits, et elle demanda à travers ses larmes, avec une ténacité de femme volontaire et gâtée, qui ne veut jamais attendre :
- Mais l'autre petit n'est pas à vous ?
Le père Tuvache répondit :
- Non, c'est aux voisins ; vous pouvez y aller si vous voulez.
Et il rentra dans sa maison, où retentissait la voix indignée de sa femme. Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux.
M. d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus ; mais quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par mois, ils se considèrent, se consultant de l'oeil, très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence, torturés, hésitants. La femme enfin demanda :
- Qué qu't'en dis, l'homme ? Il prononça d'un ton sentencieux :
- J'dis qu'c'est point méprisable.
Alors Mme d'Hubières, qui tremblait d'angoisse, leur parla de l'avenir du petit, de son bonheur, et de tout l'argent qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda :
- C'te rente de douze cents francs, ce s'ra promis d'vant l'notaire ?
M. d'Hubières répondit :
- Mais certainement, dès demain.
La fermière, qui méditait, reprit :
- Cent francs par mois, c'est point suffisant pour nous priver du p'tit ; ça travaillera dans quéqu'z'ans ct'éfant ; i nous faut cent vingt francs.
Mme d'Hubières trépignant d'impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait enlever l'enfant, elle donna cent francs en cadeau pendant que son mari faisait un écrit. Le maire et un voisin, appelé aussitôt, servirent de témoins complaisants.
Et le jeune femme, radieuse, emporta le marmot hurlant, comme on emporte un bibelot désiré d'un magasin.
PréalableOn fait d’abord une lecture à plusieurs voix des deux passages en expliquant le vocabulaire qui paraît difficile.Rappel sur la façon de rapporter les paroles dans un récit : directement et indirectement et quelques exercices de transformation pour vérifier les acquisitions.Diversité des verbes de prise de parole qui permettent de connaître le ton ou l’humeur des protagonistes.
Chez les Tuvache Remplir un tableau à 4 colonnes :
Qui parle ? A qui ? Relève les expressions qui désignent le destinataire. Visée des paroles ?
Synthèse en s’appuyant sur le tableau :
Qui parle le plus ? (M.d’Hubières)
Qui mène le jeu ? (M.d’Hubières)
Le destinataire est-il considéré comme un égal ? (« mes braves gens » formule un peu méprisante.)
Que veut obtenir Mme d’Hubières ? (emmener le petit dernier.)
Quels sont ses arguments ? (« nous le garderions », « nous n’avons pas d’enfants ») Remarque spontanée :
Mme est très maladroite car sa demande est brutale et à peine motivée
M. s’y prend mieux ; il excuse sa femme et s’intéresse aux Tuvache mais il reste un peu méprisant « Avez-vous bien compris ? »
Chez les Vallin.Quelles différences notes-tu entre les deux tentatives ?
M. d’Hubières se montre plus diplomate la seconde fois et les interlocuteurs n’utilisent plus de mots pour s’interpeller, mis à part « l’homme » et « tu ». Tous semblent sur la défensive.
Les paroles sont plutôt rapportées par le narrateur extérieur. Il n’y a que 5 répliques au style direct, et encore sont-elles coupées par du récit. Il n’y a pas de dialogue.
Lexique: Synonyme de « persuader »
Comment peut-on appeler une conversation dans laquelle les interlocuteurs défendent des idées opposées ?
Paroles rapportées indirectement : Le narrateur omniscient parle aussi à la place des personnages ; repère les passages.
Qui est censé parler ? A qui ?
Que leur fait-il dire ?
Quels renseignement supplémentaires nous donne-t-il ?
On en apprend beaucoup plus sur la psychologie des personnages (ruse, souffrance, crainte, cupidité)
Bilan : Quand on veut persuader quelqu’un qui ne partage pas votre opinion, il faut s’adapter à l’adversaire et ne pas le sous-estimer.
Travail à faire à la maison : Cherche des arguments pour persuader tes parents de te laisser sortir samedi prochain
Même travail : Cherche des arguments pour convaincre ton professeur de ne pas te punir alors que tu as oublié tes affaires